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| Lucie Aubrac (1912-2007) |
Une résistante : Lucie Aubrac – L’engagement sans concession
Lucie Aubrac, née Lucie Bernard en
1912, appartient à cette génération pour laquelle la défaite de 1940 ne fut pas
seulement militaire, mais morale. Agrégée d’histoire, enseignante, elle refuse
très tôt l’idée d’une France soumise. À Lyon, avec son mari Raymond Aubrac,
elle s’engage dans la Résistance intérieure et participe à la fondation du
mouvement Libération-Sud, l’un des plus actifs en zone non occupée.
Dans la clandestinité, Lucie Aubrac
ne se contente pas de tâches secondaires. Elle organise des liaisons,
transporte des messages, héberge des militants recherchés et participe aux
décisions stratégiques du mouvement. Son autorité repose sur une intelligence
pratique, un sang-froid constant et une capacité à agir vite dans des
situations extrêmes.
L’épisode qui la rend célèbre
survient en 1943, lorsque Raymond Aubrac est arrêté par la Gestapo de Klaus
Barbie. Refusant l’impuissance, Lucie Aubrac monte une opération d’une audace
exceptionnelle. Usant de ruse, de détermination et d’une parfaite connaissance
de l’adversaire, elle contribue à l’attaque du convoi allemand et à l’évasion
de plusieurs résistants, le 21 octobre 1943. Enceinte au moment des faits, elle
démontre que le courage n’est ni une posture ni un symbole, mais une action
concrète.
Traquée à son tour, elle parvient à
quitter la France et poursuit son engagement à Londres puis à Alger, jusqu’à la
Libération. Après la guerre, Lucie Aubrac reprend son métier d’enseignante et
consacre une large part de sa vie à transmettre la mémoire de la Résistance,
refusant les simplifications et les mythes figés.
Lucie Aubrac meurt en 2007. Elle
laisse l’image d’une résistante entière, qui n’a jamais accepté d’être réduite
au rôle d’épouse héroïque, mais qui a assumé pleinement celui d’actrice de
l’Histoire – convaincue que la liberté se conquiert par des choix, parfois au
péril de sa vie.
