mardi 14 mars 2017

Lucie Aubrac (1912-2007)

Une résistante : Lucie Aubrac – L’engagement sans concession

Lucie Aubrac, née Lucie Bernard en 1912, appartient à cette génération pour laquelle la défaite de 1940 ne fut pas seulement militaire, mais morale. Agrégée d’histoire, enseignante, elle refuse très tôt l’idée d’une France soumise. À Lyon, avec son mari Raymond Aubrac, elle s’engage dans la Résistance intérieure et participe à la fondation du mouvement Libération-Sud, l’un des plus actifs en zone non occupée.


Dans la clandestinité, Lucie Aubrac ne se contente pas de tâches secondaires. Elle organise des liaisons, transporte des messages, héberge des militants recherchés et participe aux décisions stratégiques du mouvement. Son autorité repose sur une intelligence pratique, un sang-froid constant et une capacité à agir vite dans des situations extrêmes.

L’épisode qui la rend célèbre survient en 1943, lorsque Raymond Aubrac est arrêté par la Gestapo de Klaus Barbie. Refusant l’impuissance, Lucie Aubrac monte une opération d’une audace exceptionnelle. Usant de ruse, de détermination et d’une parfaite connaissance de l’adversaire, elle contribue à l’attaque du convoi allemand et à l’évasion de plusieurs résistants, le 21 octobre 1943. Enceinte au moment des faits, elle démontre que le courage n’est ni une posture ni un symbole, mais une action concrète.

Traquée à son tour, elle parvient à quitter la France et poursuit son engagement à Londres puis à Alger, jusqu’à la Libération. Après la guerre, Lucie Aubrac reprend son métier d’enseignante et consacre une large part de sa vie à transmettre la mémoire de la Résistance, refusant les simplifications et les mythes figés.

Lucie Aubrac meurt en 2007. Elle laisse l’image d’une résistante entière, qui n’a jamais accepté d’être réduite au rôle d’épouse héroïque, mais qui a assumé pleinement celui d’actrice de l’Histoire – convaincue que la liberté se conquiert par des choix, parfois au péril de sa vie.