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| Hélène Nebout (1917-2014) |
L’année 1944 fait sortir de l’ombre ceux qui, jusque-là, combattaient invisibles. Alors que les lignes allemandes reculent, le maquis Bir Hakeim participe à la libération d’Angoulême. Nebout y apparaît publiquement sous son grade clandestin, symbole d’une hiérarchie bouleversée où les résistants passent brutalement de la clandestinité à la lumière. Quelques jours plus tard, lors de la visite du général de Gaulle dans la ville libérée, elle figure parmi les combattants choisis pour représenter la Résistance locale. La présence de cette jeune femme, cheffe de maquis, bouscule les représentations habituelles de la lutte armée.
Mais pour elle, la guerre ne s’arrête pas à l’été 1944. Nebout rejoint le front de l’Atlantique, où les dernières garnisons allemandes refusent de se rendre. Elle combat dans la poche de Royan, puis sur l’île d’Oléron. Sans transition, elle passe de la clandestinité à l’affrontement en uniforme, poursuivant la lutte jusqu’aux ultimes combats sans chercher ni carrière politique ni mise en scène médiatique.
Après-guerre, l’histoire nationale retient surtout des figures masculines. Le parcours d’Hélène Nebout, institutrice devenue cheffe de maquis et reconnue par de Gaulle lui-même, ne cadre pas avec les récits traditionnels. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles son nom reste trop discret. Pourtant, elle incarne un visage essentiel de la Résistance : celui des femmes qui n’ont pas seulement ravitaillé, soigné ou renseigné, mais commandé, combattu et risqué la mort.
Son histoire rappelle que les temps de crise révèlent des forces insoupçonnées. Rien, dans sa salle de classe, ne préparait Hélène Nebout à libérer une ville ou à mener des opérations clandestines. Mais lorsque la guerre s’est imposée, elle a refusé de laisser les événements décider pour elle. Elle demeure l’une de ces femmes dont l’engagement a changé le cours de l’histoire — discrète dans la mémoire publique, essentielle dans la réalité du combat.

